22 Septembre 2009
ARREUX RETROUVE SON CLOCHER …
Importants travaux que ceux entrepris par la commune et une poignée de bons artisans. D’une part la transformation de l’ancien lavoir en bibliothèque. D’autre part la rénovation des toitures de l’église – ce qui était prévu - et des charpentes de son clocher – ce qui l’était moins, mais fut imposé par la découverte d’un ensemble en très mauvais état, menaçant ruine et présentant de graves dangers.
La rénovation du clocher devenue plus qu’urgente fut certes la plus spectaculaire. Une grue déposa au sol, le temps de le dire, la charpente du dôme impérial et celle de la base. Des bois vénérables mais très abimés par le temps et les intempéries.
Beaucoup, avec curiosité et intérêt, sortirent pour l’occasion leur appareil photo. Les uns y allèrent de leurs commentaires admiratifs, de leurs questions bienveillantes. Les autres échangèrent sur les techniques informatiques pour conserver toutes les étapes de ce travail exceptionnel ! C’est que le clocher de l’église autour duquel se serrent les maisons est un SIGNAL fort dans un village … A regarder de près, le sens du mot SIGNAL est bien intéressant : il signifie tout à la fois APPEL, ANNONCE, REPERE, MARQUE, RAPPEL… Et ces mots conviennent très bien à celles et ceux qui viennent prier dans leur l’église et cherchent Dieu dans leur vie ... Tout comme à ceux qui parfois à quelques distances désormais, ont toutefois des souvenirs d’engagements et d’événements importants noués à l’ombre de leur clocher : baptême, communion, mariage, décès ... Et encore à
ceux qui, plus éloignés de l’Eglise institutionnelle, sont pourtant attachés à l’histoire,
au patrimoine, aux traditions liées à leur église ... Autour du clocher, nous savons que les hommes sont interpelés de façons bien différentes !
Un clocher participe sans conteste à l’identité d’un village. Il marque le paysage et plus encore nourrit l’imaginaire des enfants et des habitants. C’est dire assez l’attachement de chacun à son clocher ! Qui plus est, souvent – et c’est le cas à Arreux - il indique et sonne fidèlement l’heure et les vents des saisons que son coq affronte courageusement. Sa cloche annonce tout autant les événements joyeux et douloureux des communautés villageoises et des paroisses …
Certes, il se peut que dans quelques années, nous ayons à repenser l’utilisation de nos églises, mais on peut penser que pour beaucoup d’entre elles, elles resteront certainement grâce à quelques aménagements bien conduits, tout à la fois Maisons-Dieu et Maisons Communales auxquelles seront attachés Municipalités et habitants. On doit rappeler ici que toutes les églises construites avant 1905, date de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, sont à la charge des communes et affectées à un curé dit justement affectataire.
Il faut dire un grand merci à la MUNICIPALITE D’ARREUX qui s’est appliquée à faire refaire à l’identique le clocher du village qui, disons-le bien fort, a de la personnalité et cultive une originalité certaine : connaît-t-on dans nos Ardennes pareil clocher avec ce dôme impérial qui lui donne des airs de clocher franc-comtois ? Non, il a peu d’équivalent en France ! J’en connais un, en Lorraine, à Reheray …
Ce choix de réfection à l’identique a entraîné des dépenses imprévues et conséquentes qui s’ajoutèrent à un budget bouclé qui ne concernait que la couverture des toitures et du dit clocher. Un budget primitif de 73 353 € pris en charge par le Département pour 21 106 €, soit 30 % ; par la Région pour 14 071 €, soit 20 % ; par l’Etat pour 21 106 €, soit également 30 % ; et le reste par la Commune. Le sauvetage de la charpente du clocher est donc venu alourdir ce budget de 59 667 € et ouvrir une nouvelle recherche de subventions auprès des mêmes collectivités territoriales.
Il faut tout à la fois tirer un grand coup de chapeau aux artisans : L’entreprise NOEL VINCENT, charpentier de Thilay et l’équipe de l’entreprise LINO BOUILLOT de Monthermé : trois frères, trois compagnons : Mathieu, le couvreur, Eric le maçon et Lino le charpentier. Tous d’excellents artisans portant haut des métiers qui touchent le ciel – ce qui en font des hommes à part. L’hiver rude et pluvieux de cette année les a beaucoup gênés pour couvrir de belles ardoises les quelques 350 m2 de toitures et reprendre les sablières et les bois pourris et les 22 arceaux courbes du dôme bien malade mais désormais rétabli … 8 m3 de solide chêne ont été nécessaires ! Un sacré travail ! L’ensemble replacé fait quand même plus de sept tonnes et les ardoises du dôme ont dû être taillées une à une avec précision avant d’être placées … Leur beau travail très suivi par les petits écoliers du village éveillera peut être des vocations. Leurs métiers trop souvent déconsidérés comme tous ceux du bâtiment ne recrutent plus guère. Ils contribuent pourtant à la sauvegarde de notre patrimoine … D’ailleurs les mots artisan et artiste ne sont-ils pas équivalents ?
Manière d’être et manière d’agir !
Voilà la petite église d’Arreux bien couverte et plus jolie encore pour affronter longtemps encore les griffures des saisons et demeurer un SIGNAL au milieu des hommes
Prions Dieu et les hommes de la préserver d’événements autrement plus graves … Faut-il rappeler qu’une bombe avait dévasté sa toiture en 1940 …
Que la paix règne sur nos murs
et dans nos cœurs !
Jacques Théret